05 mars 2008
Ma route
Elle est multiple. Elle est longée d'arbres tristes. Elle est longue. Elle est brumeuse le matin, parfois mouillée. Il y a de tristes bouquets de plastique accrochés désespérément à des arbres aussi tristes qui me rappellent à l'ordre. Pas d'écart, pas de tête en l'air, pas de vitesse excessive.
Il y a de la musique, des chansons qu'on peut entonner à tue-tête sans se faire engueuler, des journalistes qui interrogent des personnalités ou qui commentent l'actualité, de magnifiques corbeaux freux qui s'envolent, parfois un héron mais c'est rare, des monologues intérieurs, un roman personnel, des petites larmes de crocodiles du marais, des rires aussi, des commentaires à haute voix, sans se faire engueuler. 3O minutes de liberté aller, 30 minutes de liberté retour.
Que demande le peuple salarié, fonctionnaire et prisonnier de son quotidien !
Et puis la gare désaffectée qui annonce la fin du voyage. Avec sa salle d'attente et le bureau du chef de gare. A défaut de la roulotte de la famille tant mieux, j'habiterais bien une gare.
Y'a une route.
Y'a une route.
On marche dessus. Y'a pas de tapis
Y'a des fleurs comme des anémones
Qu'attendent la pluie.
Y'a une route.
Tous les dix ans, y'a un marin
Qui jette l'ancre au café du coin,
Qui parle de voyage et plus loin,
Après la route, faut prendre le train.
Tu descends dans le petit matin
Avec ta valise à la main.
Y'a tellement de bruit que t'as plus d'oreilles
Pendant que la fumée mange le ciel.
Puis finalement tout est pareil parce que
Y'a une route.
Tu la longes ou tu la coupes.
Tu t'allonges et te passe dessus
Ou tu te lèves et on te tire dessus.
Y'a une route. C'est mieux que rien.
Sous tes semelles c'est dur et ça tient.
Gérard Manset
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