29 juin 2006

MUSEE PERSONNEL II

LEILA BRASIL DANZIGER ( née à Rio en 1962)


De 1985 , date de son arrivée en France à aujourd'hui, nous avons eu la chance d'assister à la naissance d'une oeuvre. Il est difficile d'en parler, de trouver les mots justes. Simplement : Merci Leila et reviens bientôt.
Les gravures de sa période fra
nçaise sont exposées sur les murs de notre maison de Rochefort. La photo montre son travail récent.
Leila expose au Brésil et en Allemagne.









NEMO




Nous avons rencontré Nemo à Lisbonne, par l'intermédiaire de ma soeur Anne et son copain Philippe Planche ( encore un signe prémonitoire). Il venait y installer ses bonhommes noirs. Il nous en a offert un sur une planche pour notre mariage improvisé. Un copain de Cécilia l'a fendu en 2 pendant sa fête de 17 ans, pas Nemo, le tableau. Les deux morceaux sont dans le couloir, comme ça tout le monde le voit.
J'aimerais bien qu'il vienn
e à Rochefort. Son copain, Jérôme Ménager y est bien venu, lui. Bien sûr, en matière de murs décrépis, c'est pas terrible mais il y le port de commerce, le quai quand on va vers Tonnay Cte, le mur de l'hôpital de la Marine.



BARTON LIDICE BENES ( en 1942 dans le New Jersey)

Nous n'avons aucune oeuvre de Barton Lidice Benes dans notre musée personnel. C'est un artiste connu aux Etats Unis, j'ai un petit catalogue de lui et le souvenir de deux expositions.

J'ai découvert Barton Lidice Benes, à la galerie 111 de Lisbonne, par hasard. C'était une exposition de travaux réalisés à partir de billets de banque. La même, il exposait à Prague sa série " armes mortelles" ( lethal weapons, etc), des pistolets à eau, des stylosplume à réservoir, des vaporisateurs remplis de son propre sang contaminé par le virus HIV.
Ces dix dernières années j'ai souvent pensé à lui, redoutant qu'il soit mort. En cherchant des photos, je le découvre souriant et actif. C'est bien.

Ce que j'ai vu à Lisbonne. Des petits objets sont collés des fragments de billets. Ici des francs sur un vaporisateur . C'est la France.
Devinette ? A votre avis ?



Travail récent. des petits riens collectés, étiquetés, rassemblés dans des vitrines comme des reliques. Ici une rose cueillie à Lidice, le village tchèque martyr, près de Prague, une histoire qui ressemble à celle d'Oradour sur Glane.


JOSEF HAMPL (né à Prague en 1932)

C'est un artiste tchèque. Mes bonnes amies de Prague m'ont offert des tableaux avant mon départ : un de Hampl et un de Jiri Salamoun, le dessinateur de Maxipes. Ils sont accrochés dans le cesky salon comme ça je pense à vous tous les jours, à Prague, à Budapest, à Vevey, à Tanger...
Une affiche de Jiri Salamoun


MIRO SVOLIK (né en 1960, en Slovaquie)




J'aimerais bien avoir fait les photos de miro Svolik. Je me souviens d'une photo que j'ai adoré. 5,6 M2 na osobu.( 5,6m2 par personne) C'est une photo de sa chambre, sa femme et son bébé qui dorment et un autre enfant est dans un lit au dessus. C'est une pièce toute petite et tout le monde est empilé pour trouver sa place.

miro svolik









SUZANNE PASTOR ( né à Chicago en 1952)

C'est une photographe américaine qui vit à Prague. Sa photo est sur la cheminée du salon. C'est de la série " adress book".
suzanne pastor




PAUL MUSE ( né en GB en 1960)

paul.muse.free.fr, C'est l'adresse de son site où l'on peut découvrir son travail de façon complète.
Sur le mur de la cozinha portuguesa, nous avons une photo de Paul de la série des vitrines portugaises qui me rappellent le formidable voyage que nous avions fait au Portugal il y a longtemps. Remember " Valladosomething" !


LAURE CLINCHAMPS

On a connu Laure à Lisbonne. Elle donnait des cours de photo à l'Alliance française puis a ouvert une petite galerie dans Alfama. Nous lui avons acheté deux photos prises à Sao Miguel. Elles sont dans notre cuisine sur le grand mur spécial photographie.
Avec Nadine et Dominique, nous avons parlé d'elle il y a peu. Fait-elle toujours de la photo ? Est-elle toujours à Montpellier ?

ARTUR BISPO DO ROSARIO
( Sergipe 1911- Rio 1989)



C'est Leila qui nous l'a fait découvrir en nous envoyant un catalogue d'une expo à Rio en 94
Il y a eu une exposition au musée du jeu de Paume en 2003 mais on l'a raté.







FILIPE FRANCO (
né en 1961 ( comme moi) ( à Ponta Delgada comme Mano)




Je l'ai connu à Lisbonne dans l'Atelier d'Antonio Sena à Lisbonne. J'aimais beaucoup son travail. Quelques années plus tard, je l'ai rencontré par hasard à Sao Miguel d'où il était originaire. Sandra a joué à son vernissage à la Galerie Arco 8. Ca m'a donné l'idée, la riche idée de l'inviter à mon tour quand j'ai fait une exposition à Lisbonne. Je me souviens aussi qu'il avait fabriqué le papier sur lequel il avait dessiné.
filipefranco.piczo.com/


JIRI KOLAR ( Bohème du sud 1914 - Prague 2002)




Poète et plasticien. Colleur ( collagiste) de génie. Pour en savoir plus.

bohemica.free.fr/kolar/biog_kolar.htm



VERA PYRRAIT

En 94, aux Açores, à la galerie de la librairie SOL MAR ( soleil mer), dans le centre commercial du même nom, elle expose de petits paysages portugais. Comme ce sont de petits formats, ce n'est pas trop cher. C'est la première fois qu'on achète un tableau avec Xavier. Il est tout simple mais 12 ans après, je l'aime toujours( le tableau, Xavier aussi mais il n'est pas tout simple lui). Je retrouve sa trace sur internet. Je ne la connais pas du tout.
palpura.pt

FATIMA MADRUGA


C'est une amie de Pedro (Leite). Nous lui avons rendu visite quand on est allés visiter l'île de PICO. Elle vivait dans un village avec son ami Vitor et ses enfants. Dans leur maison, ils avaient abattu toutes les cloisons. Ils avaient un projet de centre culturel régional. Fatima était une spécialiste du scrimshaw, la gravure traditionnelle sur dent de cachalot. Avec la fin de la chasse à la baleine, elle s'est tournée vers la peinture. Nous lui avons acheté quelques tableaux, celui des vaches multicolores qui est dans la chambre d'Anjela. Elle a offert à Mano la fameuse poule devant laquelle il s'était assis et ne voulait plus repartir. Il avait un an et des poussières. J'aime bien ces tableaux qui racontent un moment de la vie, comme des photographies. Je n'arrive pas à trouver de photos sur internet alors je mets une photo de Pico, l'endroit où elle vit.

C'est pas sa maison mais ça pourrait


l'île de Pico : l'hiver, il y a de la neige au sommet.

A SUIVRE ...


20 juin 2006

CORBEAUX de Prague et d'ailleurs

DES NOUVELLES DE MON BESTIAIRE




2000-2006 :J'avais ramené des Açores, un troupeau de vaches laitières noires et blanches avec des pis énormes .
De Prague, un vol de corbeau
x m'a suivi jusqu'à Rochefort.( je rentre de Lisbonne et j'ai relu la légende de Saint Vincent, finalement c'est peut-être à Prague que les corbeaux de Lisbonne m'avaient escorté pour donner du sens à cet étrange déplacement vers l'est.)
Avec une partie de l'argent ga
gné (après l'exposition de l'Institut Français), j'avais acheté six grandes toiles sur chassis et du matériel. Voici où et comment les corbeaux se sont posés sept ans après.



20o3-2004 : je suis enseignante dans une classe de CE2-CM1. Nous apprenons à faire du papier recyclé. Je fais un stage sur le conte. Pendant les vacances, je recycle toutes les punitions sur papier que j'ai données pendant l'année, ce dont je ne suis pas particulièrement fière mais comment faire. Je fabrique cinq galettes de papier et j'illustre le conte des frères Grimm "le corbeau" qui me touche comme enseignante et comme mère.
Il était une fois une reine qui avait une fillette encore toute petite qu'elle devait porter dans ses bras. Un jour, l'enfant ne fut pas sage, elle ne tenait pas en place quoi que sa mère pût lui dire. Celle-ci s'impatienta et, comme une volée de corbeaux traçaient des cercles autour du chateau, elle ouvrit la fenêtre et dit : "Je voudrais que tu sois un corbeau et que tu t'envoles, ainsi j'aurais la paix". A peine eut-elle dit ces mots que l'enfant fut changée en corbeau et, quittant son bras, s'envolant par la fenêtre. ( Le Corbeau, conte de Grimm)

Fin de l'épisode corbeaux. Page suivante du bestiaire : la seiche
( choco ?). Le lien : le noir et le blanc : vaches des açores, corbeaux de prague, seiches de Charente Maritime ( le blanc de la chair et de l'os, le noir de l'encre)

19 juin 2006

éléments biographiques : l'art et moi

1975-1976 : je fais partie de la section sport-études natation du CES Jeanne d'Arc. Tous les jours de la semaine sauf le week-end, je longe l'école des Beaux-Arts d'Orléans sur le chemin de la piscine du Palais des sports. Au sous sol, on voit les étudiants qui travaillent. C'est mystérieux et très attirant. Mais je n'ai aucun talent artistique, je dessine mal "raide" est le mot employé. Je fais de la natation. Des km et des km.
Nora Iniesta

1982 : Je vis à Paris, je suis journaliste. je réponds à une petite annonce de Libé. Artiste donne cours, même à débutants. Me voilà une fois par semaine à la cité des arts, dans l'atelier de Nora Iniesta. Je dessine avec un crayon de papier des feuilles d'arbres et des étoiles de mer. Pas longtemps.
Se souvient-elle de moi ? J'ai sur ma cheminée une étoile de mer qu'elle m'avait donnée. Elle m'avait invité à son vernissage : des toiles roses avec quelques lettres au pochoir. J'étais perplexe mais ravie. www.norainiesta.com
Je sous loue une chambre, chez une artiste, Ody Saban. Merci hasard. En la regardant faire, j'apprends.
Et pas seulement la peinture. Que la vie n'est pas forcément un sillon déjà tracé par d'autres. Peut-elle imaginer à quel point elle a influencé ma vie ? odysaban.free.fr

Ody Saban

1985 :"Elle comptait les réverbères au loin et disait qu'elle aimait dans les pays lointains les années impossibles. Bagdad est-elle loin ? La distance est entre toi et moi."poète irakien au nom oublié de moi
"Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud, nous sommes quelques uns à croire sans preuves le bonheur possible avec toi." René Char
A Orléans, au lycée Benjamin Franklin, à la République du Centre, à la maison du Grand Bourgneuf, sur les bords de la Loire, dans un café, avec la musique de Un Département, Valérie( Brégaint) tourne "C'est loin Bagdad" et me fait un cadeau en me prenant comme actrice. Cette expérience m'aide à lever le camp un an plus tard et à changer de vie. Non, je ne serai pas journaliste toute ma vie.



1985 : Au Brésil, par l'intermédiaire Michel Mabit, je fais la connaissance à Rio de Leila (Brasil Danziger) , rencontre décisive. Je suis là en septembre, à sa descente de l'avion. Elle porte un manteau en poils de chameau et elle a très chaud. C'est une jeune Brésilienne qui vient faire les beaux arts en France. On l'a mise en garde contre le froid. Je la dépose dans Paris. Quelques semaines plus tard, je l'accompagne à Rennes où je la laisse à l'auberge de jeunesse. Puis je pars au Portugal. Nous devenons amies.
20 ans après, c'est mon artiste préférée. Je voudrais tant que les Français connaissent son travail.

pequenos impérios



Greifwalderstrasse, 138







1986-1987 : A Lisbonne, où je suis partie pour changer de vie, je m'inscris aux cours du soir de la sociedade de Belas artes avec José Mouga ( ci-dessous) qui m'encourage à m'inscrire à l'école d'art ARCO, l'année suivante. Je passe un an dans l'atelier d'Antonio Sena (à gauche) qui donne sur le Tage.


1987 : j'expose à la biennale de Vila Nova de Cerveira. Quelqu'un ( je connais juste son nom : Marcos Manuel Allen Valente) achète mon tableau qui s'appelait " Oh le beau zazulejo !"
Qui es-tu inconnu ?


1991- 1994 : séjour aux Açores comme lectrice de français, glaneuse de rivage et badeuse de vaches laitières.

1995 : j'expose mes "débris d'îles" (destroços de ilhas) dans une ancienne imprimerie de Bairro Alto derrière une papeterie appelée Papel e companhia. Alessandra Giura Longo ( Sandra) fait un magnifique concert pour le vernissage avec ses amis italiens : geografical fugue. Nemo couvre Lisbonne de pochoirs ce même mois de juillet.

1995-1999 : séjour à Prague. J'anime des ateliers d'arts plastiques à l'école française de Prague. J'expose à la médiathèque , au bar et dans le hall de l'institut français " collages Ponta Delgada, Lisboa Praha". Sandra revient avec Sergio pour le vernissage. Ils interprètent : Girouette Pirouette, une pièce qu'ils ont composée.

2000 : retour en France, je deviens professeur des écoles ( j'étais professeur de français langue étrangère). Je fais un stage de formation continue sur le conte. Je lis les contes de Grimm qui me ramènent aux corbeaux de Prague et Yvonne Verdier qui me ramène au lavoir. Je continue mon activité de " plasticienne du dimanche". Je cherche un endroit pour exposer.


2002-2004-2005 : je présente mon travail au Prix des mouettes qui le refuse. Pourquoi Richard Texier n'aime pas mon travail ?

18 juin 2006

les trois petites planches de la grand-mère de Jiri Kolar


1) Quelques nouvelles des planches à laver : résumé des épisodes précédents

En 1998, au moment de quitter la République tchèque, j'achète trois petites planches à laver chez le brocanteur de la rue Ricni devant l'arrêt de tram. Je trouve ces trois objets très simples et très beaux comme trois petits tableaux inachevés.
Quelque temps auparavant, j'ai visité une exposi
tion des collages de Jiri Kolar. La question que je me pose : a-t-il collé sur des planches à laver ? Avant de partir, je colle des bouts de papier, récoltes et résidus des quatre années passées.
28, 2
9, 30. Trois, deux , un, partez. Je pars.

Mais ces planches ne sont pas celles de la grand-
mère de Jiri Kolar. Elles ont servi à qui ? Et qui est venu les vendre pour quelques couronnes ?
Elles ont servi à quoi ? Plus j'y pense et plus l'objet me raconte des histoires : de linge, des histoires de femmes, d'hommes. La planche devient un récit de vie universelle. Je commence à collectionner ces histoires. De larmes, de sang " il ne faut pas laver le sang à l'eau chaude, disait nadia, ça l
e cuit"), de sueur, de crasse, de jus de framboises, de poussière d'amiante ( la dame brésilienne qui racontait à la télé qu'elle en était recouverte quand elle lavait les bleus de son mari).

En 99, Hélène m'en rapporte une magnifique en bois sculpté qui semble venir d'Afrique. Les noeuds du bois font comme des initiales .
J'en fais une planche d'amour.

Elle en apporte une autre de la part de Marie
Eve, que je connaissais à peine. J'ai 5 planches. Leur cadeau est un encouragement à continuer à peindre. Il y a du pain sur les planches. 7 ans plus tard, je viens de me coltiner à la planche de Marie Eve.

J'aimerais être comme le linge tourné et retourné sous la douceur de la mousse.( découpé dans le courrier des lecteurs deLibé vers 1985)



Françoise m'en ramène plusieurs des Etats Unis. Les mormons continuent de les utiliser. Il y a même un modèle de voyage, à glisser dans les valises. Mais Rodolphe, le percutionniste m'en prend une pour faire de la musique. Car chaque jour, l'objet se charge de sens : c'est aussi un instrument de musique.On joue en enfilant des dés à coudre à ses doigts.






A Orléans, je trouve aux puces du Boulevard Alexandre Martin, le modèle du catalogue Manufrance. Elle devenue la planche d'une femme de marin. Pourquoi ?
J'ai tant de fois traversé le boulevard Alexandre Martin pour aller du CES Jeanne d'Arc à la piscine du Palais des sports, en rêvant à l'océan.









A Gramat, dans le Lot, sous les halles, celle qui deviendra en 2006 la planche d'Albertine q
ui rêvait de roses.

2004 : je découvre le livre d'Yvonne Verdier " Façons de dire, façons de faire, la laveuse, la couturière, la cuisinière" Gallimard, 1979 réédité en 2003, pendant un stage sur le conte à l'IUFM de la Rochelle. La laveuse, c'est la femme qui aide, celle qui est chargée de "faire les passages", qui aide les enfants à naître et à grandir et les gens à mourir.
Dans une version orale du Petit Chaperon rouge, les laveuses qui sont en train de faire la buée ( la grande lessive) aident le Petit Chaperon Rouge à traverser la rivière en tendant un drap pour qu'elle ne se noie pas. Elles font pareil pour le loup qui la suit mais elles lâchent le drap et il se noie. ( racontée par Y. Verdier dans un article sur le Petit Chaperon Rouge "Grands-mères, si vous saviez ..., le Petit Chaperon Rouge dans la tradition orale". Les Cahiers de la littérature orale IV (1978) On peut lire l'article complet sur Internet.
expositions.bnf.fr/contes/









Au Portugal, la quête est longue, les femmes utilisent des bacs avec planches intégrées en ciment. Impossible à déplacer. Miraculeusem
ent j'en trouve deux dans une droguerie d'Amadora. C'est Valérie qui les a chez elle. Ce sont les stèles de deux portugaises, veuves de la guerre de 14-18.

A Matera, en Italie, chez Sandra, il y en a une magnifique, usée, faite avec le bois des arbres qui couvrait le domaine englouti il y a des années par un barrage. mais au marché de Matera, à la sortie de la ville, il y a toutes les tailles et il faut marchander. En dialecte de Matera , on dit strucaturo. La semaine dernière, les trois planches de Matera sont devenus une "geografical fugue" aux couleurs de l'Italie : rouge de venise, jaune de naples, vert véronèse.

A Augsburg, devant le Fuggerei, je trouve une planche en verre. Je laisse une planche en porcelaine, trop cher. La règle de la collecte : pas de pièce de collection.

A Archingeay, près de Tonnay Boutonne, je me laisse pourtant tenter par une magnifique planche, composée d'un système de roulements en bois. Je n'y ai pas touché.

Mais les plus belles, c'est encore à Prague que je les trouve en 2003. Des petites dames sont venues se défaire de leurs reliques. Je passe des heures en tête à tête avec elles. Je les écoute raconter . C'est parfois difficile d'y toucher. Petit à petit, raconter à mon tour sans trahir.

Voilà huit années que les planches s'accumulent. De temps en temps, le mot fait ressurgir des souvenirs. De planche. mais pas à laver. Jamais je n'ai vu quelqu'un de ma famille utiliser ce genre d'objet. L'été, à Aytré, il n'y avait pas de machine, tout se lavait à la main dans une bassine avec du Génie sans bouillir mais je ne revois pas ma grand-mère frottait sur une planche. A Patay, non plus, pas de machine à laver mais il est possible qu'il y ait eu une planche à laver, derrière, dans la buanderie mais j'éprouvais plutôt , quoi ? du mépris ? du dégoût ? de l'indifférence pour ces oubliés de la modernité. Tout ça pour dire que ces planches à laver, je n'en ai aucun souvenir personnel.

Planche , j'entends :

"Les nageurs du cours collectif de crawl sont attendus sous le plongeoir avec leur planche" dit la voix au micro de la piscine découverte des canards Rochelais qui n'existe plus.

"La Trinite Porhouet, tel est mon but, Emmaus, c'est ma planche de salut! " répète en boucle le vieux cheminot, ancien journalier dans les fermes du Centre Bretagne que nous avons pris en stop et sa voix résonne encore dans nos oreilles.


Mais ça n'a rien à voir.

De fil en anguille, de planche en planche, j'en suis venue au battoir ( le tapou) et l'image de Gervaise au lavoir s'est imposée. Le lieu de toutes les violences. Violence du battoir contre le linge, violence du drap que l'on jette dans l'eau pour le rinçage, violence des mots...
Le linge parle et les mauvaises langues avec lui. J'ai revu hier Peau d'Ane à l'école et ce sont les laveuses qui chantent dans la cour de la ferme, pour insulter "Peau d'âne".