20 novembre 2009

une féroce joie de vivre


Les chroniques d'Antonio Lobo Antunes sont toujours un régal. J'avais glissé dans mes malles le volume III en poche et j'ai eu bien raison.
"des volcans d'amitiés exigeantes et limpides, des îles fraternelles d'une rigoureuse tendresse, des abris de douces pierres où reposer son inquiétude, des êtres qui nous réconcilient avec la nuit la plus obscure (...)
C'est d'Eugénio de Andrade dont je parlerai aujourd'hui, éternel balcon de basalte en flammes donnant sur la mer. On vous dit l'ami le plus intime du soleil : oui, mais il s'agit d'un soleil obstiné et sévère. On vous dit poète : oui, car la fraîcheur de vos paroles traduit l'ardeur courroucée de votre sang. On vous dit d'un caractère difficile: oui mais cela n'entame pas la candeur du sourire qui éclaire parfois vos traits et nous montre l'unique chemin à travers les pommiers menant droit au fleuve. Je ne connais personne aux gestes si lents et à l'intelligence si vive. Là où votre oreille délicate se pose tout se fait coquillage. Tout ce que vos doigts touchent devient sensible et électrique comme le corps d'un chat. Là où plongent vos yeux jaillit une féroce joie de vivre. (...)"
Pour lire la suite de ce beau portrait du poète portugais Eugénio de Andrade par Antonio Lobo Antunes, lisez le livre de chroniques III, points 2008, remarquablement traduit par Carlos Batista.

Je vous souhaite à tous une féroce joie de vivre.

São como um cristal,
as palavras.
Algumas, um punhal,
um incêndio.
Outras,
orvalho apenas.

Secretas vêm, cheias de memória.
Inseguras navegam:
barcos ou beijos,
as águas estremecem.

Desamparadas, inocentes,
leves.
Tecidas são de luz
e são a noite.
E mesmo pálidas
verdes paraísos lembram ainda.

Quem as escuta? Quem
as recolhe, assim,
cruéis, desfeitas,
nas suas conchas puras?


Les poèmes de Eugénio de Andrade sont traduits aux éditions de la Différence


« S'inscrivant dans une veine lyrique, Eugénio de Andrade avait néanmoins su renouveler la poésie lusitanienne en la dépouillant d'un certain sentimentalisme endémique. Ses poèmes sont d'une concision tenant plus du haïku que de l'effusion pastorale ? le titre Blanc sur blanc est d'ailleurs un emprunt à Bashô. » (Sean James Rose, Libération, 14 juin 2005)

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