13 novembre 2007

à Daniel, Daniel, Daniel...



C'était l'automne 1987, nous revenions de Hollande ( déjà chez la belle Josine) , nous avions une fois de plus ri comme des folles de toutes nos aventures : traversée de Putte, la joyeuse ( Belgique) , vent de folie sur la grande digue ( singuliers rendez vous) disparition de la ville de Lille, côté pays flamand. J'avais oublié ce briochin triste automne et le désespoir de certains de nos amis. La maison était triste mais quand le téléphone a sonné, tout s'est mis à pleurer et tout s'est arrêté. Daniel était mort.
"Il a les yeux tournés vers l'intérieur qui pleurent", il avait des dizaines de fois commencé le même poème, sur des tickets de métro, sur des bouts de papier quadrillé, sur l'envers de tracts publicitaires. J'ai au cours de ce long hiver breton tenté de retranscrire ces bribes de poèmes mais j'ai souvent échoué tant l'écriture était indéchiffrable. Comme sa souffrance. J'ai envoyé à ses amis ces pages éparses qui perdaient une bonne partie de leur vérité en se retrouvant dactylographiées et photocopiées.
Sûrement, le mieux, ce sont ces peintures sombres où j'ai collé des petits fragments de ses poèmes.

J'ai dû m'essouffler. Et puis, il y eut l'île grande, la maison de Joseph Conrad, la bouteille d'absinthe de Reynald et la petite virgule qui s'appelle Céci. La Vie qui a pris le dessus.

J'ai refermé la valise grise et je l'ai mise dans le grenier de Françoise. Elle attend sans doute qu'un jour je la rouvre et
je me remette au travail.

Il reste ce jeune homme, jeune pour toujours, avec sa tête de Pasolini que j'ai déposé un jour de janvier 86 sur un quai de Lisbonne où il voulait s'embarquer. Mais aucun équipage n'a voulu de lui.




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