1985 : Valérie tourne
son film "C'est loin Bagdad".
En novembre 1987, elle m'a offert deux feuilles de papier de soie bleue
avec une photo et un texte. Le temps a dû passer car le papier de soie a lui aussi passé, fané, pâli et le texte aussi : avant qu'il ne s'efface complètement, je le recopie. On avait lancé une souscription pour le film. Les généreux donateurs devaient recevoir une photo en remerciement. J'ai peur qu'on ait oublié. 22 ans après, je répare notre négligence.
Novembre 87
A la fin d'une enfance, une jeune femme journaliste quitte son travail et sa ville. Elle s'éloigne aussi d'un prince, compagnon de ses 22 ans qui lui même refuse de la garder " prisonnière de cette petite douleur que chacun d'entre nous mène doucement par la main". Pourtant, à jamais et pour toujours, leurs voix resteront mêlées.
Elle part à la recherche d'une amie d'enfance qui voulait être poète. Elles étaient trois mais celle-là " comptait les réverbères au loin et disait qu'elle aimait dans les pays lointains les années impossibles".
Ensemble, elles avaient décidé de chercher " Bagdad" figure du voyage, de la poésie et du rêve. L'autre amie est toujours près d'elle dans cette même ville. La première a disparu "en Shéhérazade, elle doit marcher sur la route et écrire sur le vent."
Après une nuit de discussion autour d'une table, ce départ s'accomplit dans une ultime traversée des lieux de ce passé : une ville des bords de Loire, somptueuse et impossible, dans laquelle il n'y a aucune place, à moins qu'il n'y en ait trop, pour quelqu'un qui, comme elle, a choisi le mouvement et ne peut se perdre et se cogner dans les rues vides.
Elle retrouve finalement l'amie poète mais au temps de l'efficacité et des médias, Shéhérazade est elle-même journaliste. Est-ce pour ne pas mourir qu'elle a décidé de "faire des papiers sur tout ce qui bouge". Dès lors, Bagdad n'est plus définitivement la capitale des Mille et unes nuits et lorsque tout se défait dans l'angoisse de la guerre et du bruit vain des machines de communication, il est difficile de trouver le courage de choisir malgré tout, la poésie. Notre héroïne abandonne Shéhérazade dans un café. "Tu as bien fait de partir Arthur Rimbaud" Elle n'écrira plus mais continuera à chercher... Car à bien y regarder, avec le cinéma et malgré les téléscripteurs, Orléans peut bien être Bagdad, tout est affaire de regard.
Valérie Brégaint.
un texte de Leila reçu il y a quelques mois
C´est loin Bagdad Quando as conheci, tive a curiosa sensação de que eu chegava atrasada. Tudo havia acontecido num passado recente, quase palpável de tão próximo. As viagens e os encontros. Tudo acontecera no ano passado ou há dois anos. A verdade é que tínhamos a mesma idade - em torno dos vinte anos -, mas eu apenas começava a ganhar o mundo, um certo mundo, enquanto minhas amigas haviam travado imensas batalhas. Queriam salvar a África e a América Latina, redimir todos os crimes, senão os da humanidade, certamente os da Europa. Com elas aprendi a olhar os rios. Havia sempre um caudaloso curso d´água perto de nós, ou, tantas vezes, entre nós.
Encontros e separações. Uma sobrevivera ao suicídio do namorado; a outra à morte precoce do pai. Tinham rodado um curta-metragem, em que duas amigas de infância se reencontram e se separam logo em seguida. C´est loin Bagdad. Não me lembro mais o que Rimbaud vinha fazer aí. Mas elas me apresentaram à sua poesia e me deram a chave de acesso a muitos outros poetas, escritores, artistas, paisagens e cidades e...
Do filme, lembro-me de uma cena em volta de uma mesa redonda, em que a câmera gira lentamente em torno das duas personagens que conversam, até que o dia vira noite. Lembro-me da personagem de Christine, em seu vestido laranja, que me parecia a mais perfeita encarnação de uma francesa...
Merci les filles, je pleure de relire tout ça. Quelle chance de vous connaître , de vous avoir comme amies ...
Je ne trouve pas d'image de ses pirogues. Je vous offre son mur de township.
