Hier, mon Anje m'a montré ses poupées-tracas qu'elle a fabriquées avec son papa et qu'elle garde précieusement dans une trousse.
Hier, quand je me suis couchée et que j'ai cherché mon vieux pull en cachemire plein de trous sans lequel je ne peux pas m'endormir, il n'était pas sous mon oreiller mais il y a avait autre chose. La petite souris était passée. Il était plus de minuit. J'ai posé l'objet à côté de l'oreiller. C'était un livre que quelqu'un(e) avait glissé là. Parfaitement à sa place. Oreiller d'herbes de Soseki. C'était signé d'une jolie lettre M comme aime. J'ai bien de la chance. J'ai lu les premières lignes.
Je gravissais un sentier de montagne en me disant : à user de son intelligence, on ne risque guère d'arrondir les angles. A naviguer sur les eaux de la sensibilité, on s'expose à se laisser emporter. A imposer sa volonté, on finit par se sentir à l'étroit. Bref, il n'est pas commode de vivre sur la terre des hommes.
Lorsque le mal de vivre s'accroit, l'envie vous prend de vous installer dans un endroit paisible. Dès que vous avez compris qu'il est partout difficile de vivre, alors naît la poésie et advient la peinture.
Chapitre 1 Soseki Oreiller d'herbes
Si j'en crois tout ce que j'ai vu hier, Canala n'est pas un endroit paisible. Quant au mal de vivre, il y a des remèdes ( le goût de la cerise, un poster de Cantona, des cadeaux sous l'oreiller, les mots doux apportés par le vent, par la toile d'araignée et ceux apportés par le facteur...)